Mathieu Chedid – M – Mister Mystère (2009)
1 - Mister Mystère - 3:29
2 - Phébus - 2:39
3 - Est-ce que c'est ça ? - 3:25
4 - Le Roi Des Ombres - 2:57
5 - Tanagra - 3:42
6 - L'élixir - 3:36
7 - Ca sonne faux - 1:36
8 - Destroy - 3:28
9 - Semaine - 2:34
10 - Amssétou - 3:08
11 - Tout sauf toi - 2:44
12- Hold-up - 4:18
13 - Délivre - 3:11
Ah, qu’elle est dure cette chronique ! Des la première écoute de cet album, j’ai eu de nombreuses idées de phrases à incorporer dans cette chronique que je ne manquerai pas d’écrire. Je dois avouer que la plupart d’entre elles étaient acerbes, lourdes de la déception qui me saisit lors de cette écoute. Je voyais même déjà un parallèle facile avec un de mes prochains articles sur le suicide de Ziggy Stardust. Mais voila, après de nombreuses écoutes j’ai plus que révisé mon jugement et peux donner un avis plus nuance et bien entendu plus juste que ce premier sentiment.
J’ai découvert M un peu sur le tard, au moment ou il venait de sortir Qui de Nous Deux. Mon frère était déjà un grand amateur et avait été le voir en concert, mais j’étais toujours passe à cote de cet artiste, trop absorbe par mes autres découvertes du moment. Et puis je ne sais plus pourquoi, j’ai décidé un jour de jeter une oreille sur Je Dis M et j’ai été tout de suite enthousiaste et le disque a tourne en boucle sur ma platine pendant un bon bout de temps. Au passage je me suis intéressé à l’album live de sa tournée précédente et ai pu visionner le DVD du concert, pour me rendre compte de la qualité scénique de ce drôle de bonhomme et de sa bande. Jusqu’au jour ou j’ai été le voir en concert pour la tournée En tête à tête (promotion de Qui de Nous Deux) et ou la révélation fut complète. Tout bonnement l’un des meilleurs concerts auxquels j’ai assiste, un pur moment de folie qui sera surement chronique dans ces pages plus tard. Autant dire que Qui De Nous Deux a ensuite tourne a plein tube. Et puis ca s’est calme pendant un long moment, alors que je ne portais qu’une oreille discrète à ses apparitions dans la comédie musicale de son père ou en accompagnement de Vanessa Paradis. Et voila que six ans après sa dernière production il nous revient avec ce Mister Mystère noir et blanc. J’ai fait le plein de ses titres que je préférais dans la dernière ligne droite précédant la sortie et était fin prêt pour une nouvelle tornade capilotractée a la trame rose.
Voila qui peut expliquer en grande partie ma réaction à la première écoute de ce disque. J’étais surpris, n’arrivant pas à trouver le grain de folie qui me plait tant chez cet artiste. Pour tout dire, j’ai d’abord cru à une compilation de titres de ses fins de disques précédents, agréables à l’écoute mais écoutés distraitement après l’émotion amenée par les titres phares. J’aurais pu pourtant me douter un peu du changement de direction opéré par M a la vue de la pochette et aux photos de l’album. A la guitare rose succédait du noir et blanc. Une autre facette de ce personnage, voila a quoi on a affaire, voila ce qui m’a prit du temps à comprendre. Après la naissance d’un personnage atypique (Le Baptême), la description de son monde et de son environnement (Je Dis M) et un passage par les sentiments (Qui de Nous Deux), on a ici la part cachée de ce personnage, la partie plus Mathieu Chedid que M, plus en retrait, effacée mais influente sur le personnage. Et voila pourquoi ces chansons m’ont fait penser a certaines chansons calmes des précédents opus, c’était cette part la qui était déjà un peu présente. On entend parler d’album de la maturité, plus pose, blablabla. Je pense juste que c’est une autre facette qui est exposée, le fait est qu’elle est plus mature que le personnage de M dans son ensemble. Il n’en reste pas moins que cette nouvelle facette est intéressante à découvrir, car M fait toujours du M et a une qualité de composition toujours présente.
L’album s’ouvre sur la chanson éponyme, qui après une plainte lointaine démarre par un gimmick classique de M pour se lancer sur un titre agréable a l’écoute, bien que ne prenant pas trop de risques par rapport a ce que l’on connaissait déjà. C’est un peu la part Qui De Nous Deux de l’album. Une chanson efficace qui va tourner sur les radios (même si ce n’est surement pas le but ultime de M) mais qui va surtout à coup sur introduire les concerts à venir. On enchaine directement sur une chanson beaucoup plus calme et mélancolique, calme et portée pratiquement uniquement par une seule guitare acoustique, Phébus donne le ton de ce qui va suivre. On retrouve les gimmicks un peu funky sur Est-ce que c’est ca ? et les répétitions en arrière plan souvent présentes chez M. Encore une fois cela sonne familier bien que quelque peu emprunte par rapport a ce que l’on connait. Certains trouvent cela un peu lassant, j’avoue que ca ne me dérange pas plus que ca et que cette chanson passe bien. Le Roi Des Ombres avait été diffusée depuis un mois et avait donne un aperçu des nouvelles productions. Encore une fois, ce qui ressort est la simplicité des rythmes et mélodies, montrant une prudence peu commune chez M, mais qui apparemment est commune pour Mathieu (toujours ce parallèle). Cela dit, ce titre, qui aurait pu passer sur Je Dis M (comme une chanson en retrait, mais cependant avec sa place) est sympathique et amène une bouffée fraiche et légère. Tanagra démarre par un riff lourd et enchaine sur un piano un peu déstabilisant. On a cette fois la partie calme qui se laisse tenter par le désir, le pécher, et qui attrape la gaule dans le refrain. Et du coup la base piano calme se laisse régulièrement déborder par la guitare saturée qui enflamme ce morceau et son créateur qui se laisse donc porter a des folies et laisse son alter ego ressortir. Elixir vient ensuite ramener l’ambiance plus globale de cet album avec ces apparitions de chœurs féminins, plus légère et quelquefois plus naïve que la précédente. Pareil que précédemment, cette naïveté tourne un peu à la guimauve, dans ces voix languissantes, mais on a du mal à lui reprocher quoi que ce soit. Ca sonne faux passe dans le même style. Destroy est un peu déroutante avec ses changements d’ambiance. Je n’arrive pas à m’y faire, non pas aux changements de styles mais au choix de successions. Encore cette alternance entre M et des chœurs faisant un concours de celui qui monte le plus haut. Comprenez bien, la chanson est bonne, avec une densité bien plus intéressante que les précédentes, c’est juste que ces voix sont un peu déroutantes. Semaine, avec ses paroles un peu faciles (on était habitue a des choses plus recherchées) s’écoule tranquillement et rappelle un peu « Qui Est Le Plus fragile ? » (en parlant de chansons de fin d’album). Vient ensuite Amssetou, sorte de double de Mama Sam sans la magie et avec une touche de Yannick Noah. Oui, vous avez bien lu, cette chanson m’a fait penser a Noah, il faut le faire quand même en écoutant M. Autant vous dire que cette chanson m’horripile au plus haut point, et reste la seule chanson que je trouve déplacée. Elle peut être portée par de très bons sentiments, et un désir de partager une expérience, elle n’en reste pas moins facile et désolante (de mon point de vue). Tout Sauf Toi reprend les rythmes lents et calmes et les mélodies lancinantes qui se réveillent un peu au milieu de la chanson, schéma assez classique. A noter quand même un solo sympathique d’un M dont on aurait presque oublie qu’il est avant tout un guitariste de génie. Hold-Up est une reprise d’une chanson de son père, c’est un peu la chanson bizarre de l’album, il en faut une a chaque fois, dans les rythmes et les textes. On avait connu Gimmick et Le Conplexe Du Corn Flakes, on a maintenant Hold-Up. L’album se clôture agréablement avec Délivre faisant apparaitre des cordes en fond sonore pour porter une chanson qui ressemble a un poème mis en musique (tiens cela pourrait définir pas mal de ses chansons).
Avant/Apres
Au final l’album est assez homogène avec ici et la quelques retours des alter egos de Mathieu Chedid. Dans l’ensemble, l’album est de qualité mais manque à mon sens cruellement de prises de risques et de richesse dans les compositions. On était en droit d’attendre un peu plus d’audace et de génie. Ces qualités sont surement plus à mettre au compte de M. Un album ou l’artiste se livre, lui, plus son personnage, et qui, même s’il amène quelque chose de nouveau pour son cas particulier, se perd dans la multitude de productions d’artistes montrant leur face sombre. M perd un peu de son originalité avec cet album, et du coup de son intérêt a mes yeux, même si du coup il risque d’être de plus en plus apprécié par l’auditeur occasionnel de musique.
La grosse interrogation pour moi concerne l’adaptation de ces chansons à la scène. Nous sommes habitues a un M déchaîne sur scène avec des musiciens tous plus fous les uns que les autres (Seb Martel, Cyril Atef, Vincent Segal, …). Je me demande vraiment comment ces chansons peuvent être adapte de façon rock (car M est définitivement un show man rock) sans avoir une succession de chansons calmes.
Pour conclure un album de bonne facture (même si pas exceptionnel) sur une autre face de M. J’ai toujours autant de mal et je mets toujours autant d’écoutes pour être imprégné par ses disques. J’ai beaucoup de mal a dire du mal de lui. Mais une chose est sure, je préfère le M déjanté et son monde virtuel. Il me reste à écouter le second disque, des lettres a Tanagra.
A écouter en priorite : Tanagra, Mister Mystère, Tout sauf toi